L’agrivoltaïsme pour s’affranchir de l’irrigation ?
Le 4 juillet 2025

Photo © HDAS - GLHD
Livré fin 2022, le pilote agrivoltaïque GLHD développé avec le GIE « Ferme du futur » d’Agrolandes entre dans sa troisième campagne de tests.
Au rythme de 7 cultures différentes observées et étudiées chaque année entre et sous les rangées de panneaux avec zones témoins, l’équipe agricole dispose déjà de premiers retours d’expérimentations intéressants.
Pour cette nouvelle saison, GLHD a décidé d’explorer aussi la piste d’une agriculture sans irrigation. Explications.
Mi-mai, le robot tracteur autonome de l’entreprise Soltiver entre en action sur le démonstrateur agrivoltaïque GLHD situé à Haut-Mauco dans les Landes. Sa mission : semer haricots verts, edamame, brocolis et cameline.
Ces 4 cultures vont être testées chacune sur sa rangée, soit équipée en système agrivoltaïque, c’est à dire avec des panneaux photovoltaïques, soit dépourvue de tout équipement électrique, ce qu’on appelle des zones témoins, importantes pour comparer.
Dans une cinquième rangée, la pomme de terre plantée début mars attend d’être récoltée à la fin de l’été. « L’an dernier nous avons fait de belles betteraves. Les pommes de terre sont plutôt jolies elles aussi » commente Sylvain Mouche, responsable innovation et agriculture de l’entreprise GLHD.
Rim Chakroun qui supervise avec Sylvain le site pilote, complète : « l’orge semé cet hiver a bien fonctionné, nous n’avons pas vu de différences entre les cultures sous panneaux positionnés à 2 hauteurs différentes et sur la zone témoin. En revanche, les épinards ont été moyens partout. Ils ont peut être été plantés trop tard et souffert du trop d’eau. Nous réessaierons car cette culture d’hiver présente l’avantage de 2 récoltes par an. »

À côté de la sixième rangée où les asperges continuent d’être testées et récoltées chaque année avec succès, tradition landaise oblige, la septième ouvre une nouvelle piste : conduire du maïs sans irrigation. Objectif : observer la différence de croissance entre la zone témoin et celle sous panneaux.
Sylvain Mouche explique : « D’aucuns pensent que cette culture tropicale a besoin de beaucoup de soleil et d’eau et qu’elle ne serait pas compatible avec des structures agrivoltaïques. Mais dans les Landes, il y a quand même un certain nombre de surfaces qui ne sont pas irriguées. Tout le monde n’a pas non plus accès à l’irrigation, ce qui n’empêche pas de continuer à cultiver le maïs car c’est une culture maîtrisée. Quand on fait du maïs irrigué, il y a des coûts associés en eau et en électricité. Comme il y a plus de charges, il faut faire plus de recettes. En sec, il y aura moins de charges, moins de recettes, mais pas forcément moins de marges.
Or ce qu’on sait avec certitude, c’est que les panneaux d’un système agrivoltaïque permettent de réduire autour de 10 à 15 % l’évapotranspiration, quelles que soient les cultures. Il y a une espèce de microclimat. L’évapotranspiration est générée par le rayonnement, le vent, la température au sol. En mettant des panneaux, on a plus d’ombre, moins de vent et la température au sol est moins importante. On optimise l’eau disponible.
La question de l’irrigation de parcelles de maïs en système agrivoltaïque est donc un vrai sujet. Si demain, en adaptant la variété, on se retrouve avec un rendement de 10 % seulement de moins qu’un maïs irrigué en plein champ, est-ce qu’on aura intérêt à investir dans l’irrigation ?
Le champ de notre étude est d’intégrer pour la première fois le fait que l’irrigation puisse être compensée par la présence de panneaux. »
Rim Chakroun confirme : « Le pilote GLHD, actuellement irrigué, montrera peut-être qu’il n’est pas forcément pertinent d’irriguer avec les panneaux ou que l’on peut économiser l’eau ce qui est très important pour préserver nos ressources. C’est aussi l’objet du démonstrateur : étudier si la plante a moins besoin d’eau dans un environnement agripv. Apprendre à choisir les cultures, privilégier les parcelles qui ont le plus de problèmes… L’agrivoltaïsme fait sens dans ces conditions. Enfin, le gain d’évapotranspiration dans un système agrivoltaïque peut s’avérer intéressant pour raisonner en termes de marges L’irrigation coûte énormément, elle représente 20 à 30 % des frais de l’agriculteur. L’agrivoltaïsme peut être une solution pertinente pour mieux valoriser des parcelles qui n’ont pas accès à de l’irrigation. »